Facteurs du harcèlement
Selon la Docteure en psychopathologie Ariane Bilheran[1], « le harcèlement vise la destruction progressive d’un individu ou d’un groupe par un autre individu ou un groupe, au moyen de pressions réitérées destinées à obtenir de force de l’individu quelque chose contre son gré et, ce faisant, à susciter et entretenir chez l’individu un état de terreur ».
Deux facteurs sont donc essentiels lorsque l’on parle de harcèlement :
- la répétition des comportements du harceleur envers sa victime ;
- le déséquilibre engendré par le harceleur qui installe son emprise sur la victime pour commettre des actes qui lui seront néfastes ;
[1] Experte et conférencière, Ariane Bilheran est l’auteure de nombreux livres en philosophie, psychologie, développement personnel, littérature adulte et infantile.
Différents types
Il existe différentes formes de harcèlement, qu’il est important de pouvoir distinguer, pour pouvoir les dénoncer.
Le harcèlement scolaire se caractérise par des actes répétés d’agression physique, verbale, sociale ou psychologique commis par un ou plusieurs élèves à l’encontre d’un autre élève. Ces comportements peuvent se produire à l’école, sur le chemin de l’école, ou même en dehors des heures de classe grâce aux réseaux sociaux par exemple.
Les formes courantes de harcèlement scolaire sont :
- Le harcèlement verbal : insultes, moqueries, taquineries constantes, humiliations verbales, etc. ;
- Le harcèlement social : mise en isolement délibéré de la personne, exclusion du groupe, propagation de rumeurs, manipulation des relations sociales, etc. ;
- Le harcèlement physique : coups, bousculades, brimades physiques, vol, destruction de biens, etc. ;
- Le harcèlement cybernétique : harcèlement à travers les médias sociaux, les messages électroniques, les appels téléphoniques, etc.
Le harcèlement scolaire peut entraîner des conséquences graves sur la santé mentale et émotionnelle des victimes, telles que la dépression, l’anxiété, le décrochage scolaire, voire des pensées suicidaires.
Les écoles, les enseignants et les parents peuvent prendre des mesures pour prévenir le harcèlement scolaire et traiter le problème s’il se présente dans l’école.
Le harcèlement psychologique, aussi appelé harcèlement moral, se caractérise par des comportements répétés visant à dégrader, humilier, isoler ou créer un environnement hostile envers une personne. Il peut se produire dans tous les contextes (le travail, la vie sociale, le coupe, les relations familiales ou d’autres situations interpersonnelles) et peut prendre différentes formes.
Voici quelques exemples de comportements associés au harcèlement psychologique :
- Humiliations verbales : utilisation de langage offensant, insultes, moqueries constantes, critiques destructives, sarcasmes, etc. ;
- Isolement social : exclure délibérément une personne des activités sociales, l’ignorer, la priver d’informations ou de contacts sociaux ;
- Manipulation : utilisation de tactiques de manipulation pour contrôler ou influencer la victime, y compris par la diffusion de fausses informations ;
- Intimidation : menaces physiques ou verbales, harcèlement en ligne, comportements intimidants visant à créer de la peur ;
- Dévalorisation : minimiser constamment les compétences, les réalisations ou la valeur personnelle de la victime ;
- Surcharge de travail intentionnelle : donner à la victime des tâches excessives ou impossibles à accomplir dans le but de la déstabiliser.
Le harcèlement psychologique crée progressivement un sentiment de mal-être chez la victime qui conduit à une perte de confiance en elle et peut entraîner des symptômes tels que la dépression, l’anxiété, le stress post-traumatique et d’autres troubles émotionnels.
Ce type de harcèlement implique des actes répétés d’agression physique à l’encontre d’une personne, créant un environnement hostile et souvent intimidant. Il peut se produire dans divers contextes et prendre différentes formes :
- Violence physique directe : les coups, les gifles, les coups de pied, les pincements, etc. ;
- Intimidation physique : des gestes menaçants, des postures intimidantes, espionner la personne, la suivre dans la rue ou toute action visant à créer de la peur ;
- Tentatives de blessures : actions visant délibérément à causer des blessures à la victime, comme pousser intentionnellement quelqu’un dans les escaliers ;
- Atteintes à la propriété : endommager ou détruire les biens personnels de la victime ;
- Harcèlement sexuel physique : contacts physiques non désirés, attouchements non consentis, agression sexuelle, etc.
Les conséquences peuvent être graves pour les victimes : lésions et blessures physiques, troubles du sommeil, symptômes de stress post-traumatique, troubles du comportement alimentaire, conduites suicidaires, etc.
Le harcèlement sur Internet prend la forme de messages répétés et malveillants envers une personne, qui n’est pas en position de se défendre. Il peut s’agir d’incitation à la haine, d’insultes, d’arnaques, de menaces ou de chantage, avec des conséquences dans la vie réelle si la victime n’obéit pas (divulgation d’informations ou d’images personnelles par exemple).
Le revenge porn ou vengeance pornographique, est une forme de cyberharcèlement consistant à diffuser, partager ou publier des images ou des vidéos sexuellement explicites d’une personne sans son consentement. L’objectif du harceleur est de se venger, de nuire à la réputation de la personne ou de la faire chanter. Ces contenus sont souvent partagés en ligne, sur des sites web dédiés, les réseaux sociaux, des forums ou d’autres plateformes.
Les images ou vidéos utilisées dans le Revenge Porn sont généralement obtenues de manière frauduleuse, souvent lors de relations intimes passées. Dans de nombreux cas, ces contenus sont partagés après une rupture amoureuse ou un désaccord dont le but est de causer des dommages émotionnels, sociaux ou professionnels à la personne visée.
Cette pratique est une violation de la vie privée et peut entraîner des conséquences graves sur la vie de la victime (anxiété, solitude, insomnie, perte de confiance en soi, absentéisme, honte, stigmatisation, conduites suicidaires…).
Réagir face au harcèlement
Lorsque l’on constate des faits de harcèlement, en tant que victime ou témoin, il est important de réagir pour ne pas laisser la situation s’intensifier.
En parler à une personne de confiance est toujours une bonne idée. Ami, famille, collègue, enseignant ou associations apporteront un soutien émotionnel essentiel. L’objectif est notamment de déculpabiliser la victime et de lui faire prendre conscience qu’elle n’est pas responsable du harcèlement.
Il est aussi important de prendre rapidement des mesures pour protéger le bien-être physique et émotionnel de la victime (éloignement des réseaux sociaux, mesures d’urgence en cas de violences conjugales, etc.).
Contacter les autorités compétentes peut faire peur mais c’est une manière d’objectiver le problème et de se faire aider. Supérieur hiérarchique au travail, direction de l’école, Police… pourront entamer des démarches pour éloigner le harceleur et accompagner la victime qui souhaite déposer une plainte. Lors du signalement, il ne faut pas oublier que la victime doit documenter les incidents c’est-à-dire présenter une trace des faits qui se sont produits (date, heure, lieu, personnes impliquées, description détaillée de ce qui s’est passé, photos, vidéos, etc.).
Le harcèlement peut entraîner des conséquences émotionnelles importantes. Pour obtenir un soutien supplémentaire, il est conseillé de consulter un professionnel de la santé mentale.
Contacts utiles
- Le numéro gratuit 103 : la ligne téléphonique du Service Ecoute-Enfants de la Fédération Wallonie-Bruxelles (pour les élèves) ;
- La direction de l’établissement ou tout autre adulte de confiance (parents, amis, professeurs…);
- Le Centre PMS lié à l’école ;
- Le numéro vert 0800 95 580 : le numéro d’Ecoute Ecole (pour la famille et les personnes travaillant à l’école).
- Unia lutte contre la discrimination et défend l’égalité des chances en Belgique ;
- Ecoute violences conjugales : la ligne d’écoute gratuite 080030 030 propose un soutien aux personnes victimes de violence conjugale, y compris le harcèlement dans le cadre des relations intimes ;
- Le numéro gratuit 107 : Télé Accueil est accessible 24H/24.
- Stop violence liste l’ensemble des aides disponibles en Région de Bruxelles-Capitale pour la prise en charge des personnes victimes de violences basées sur le genre.
- Institut pour l’égalité des femmes et des hommes : L’IEFH est chargé de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes. Il propose des informations et des ressources sur le harcèlement, en particulier le harcèlement sexuel ;
- Les services d’assistance policière aux victimes : services de première ligne à contacter directement après les faits. Ils peuvent apporter un soutien moral, une écoute, une aide dans les démarches, des informations sur ou un conseil ;
- L’application App-Elles a pour objectif de lutter contre les violences sexuelles et le harcèlement de rue. Elle permet aux femmes qui se sentent en situation de danger de contacter des proches, d’être géolocalisées, d’appeler les secours ou d’enregistrer des conversations qui pourront servir de preuve.
- Child Focus est une association qui se consacre à la protection des droits de l’enfant, y compris la lutte contre le harcèlement des enfants et des jeunes ;
- La plateforme sécurisée Cybersquad est un forum en ligne sur lequel les jeunes peuvent (anonymement) poser des questions et s’entraider, notamment sur la sexualité en ligne, l’amitié et les relations en ligne, le cyberharcèlement, la confidentialité, la réputation en ligne, le sexting problématique, etc. ;
- L’application Cyberhelp est disponible en Wallonie. Grâce à elle, l’enfant ou l’adolescent victime de cyberharcèlement pourra donner l’alerte à son équipe éducative, ce qui permettra une prise en charge rapide. Son utilisation n’est possible que si l’école s’associe au projet ;
- L’application internationale TheSorority est destinée aux femmes et aux personnes issues des minorités de genre, pour agir contre toutes les formes de violence. En cas de danger, la personne déclenche une alerte pour demander de l’aide à la communauté.